KARINE LE OUAY

Le secret - Extraits

Sous les lumières de la ville ou à la lueur d’une bougie posée sur une table de chevet, les blessures et les pulsions s’expriment, les solitudes se croisent, les vitres pleurent, les regards prennent la tangente, les corps s’enlacent. Seuls restent ensuite la solitude et le parfum du passage des amants.

J’ai été invitée à être l’observatrice, la conteuse de moments d’intimité partagés par des hommes et des femmes vivant une passion troublante car cachée. Les uns viennent pour fuir la monotonie d’une vie trop lisse, s’échapper, poursuivre la quête de soi, arrêter la fuite du temps. D’autres tentent de forcer le destin en espérant croiser un regard inconnu dans les couloirs feutrés d’un hôtel, faire une rencontre, peut être, pour un soir ou pour toujours. Rattraper l’amour.

Les personnages de ces histoires ont un autre point commun : ils ont très peu de temps, entre deux réunions de travail, sur le trajet retour vers leur domicile, mais vivent ces instants avec une fougue inversement proportionnelle à ce temps alloué. Leur passion est alimentée par le manque, l’attente, le fantasme, l’excitation de l’interdit…

Certains y ont vu l’opportunité inattendue de témoigner, d’autres l’envie de laisser une trace de leur histoire secrète, souvent j’ai été la confidente providentielle de ces amants, autrement condamnés au silence.

Ces histoires pour certaines ont été éphémères, d’autres peut-être durent encore.